#TCHAD: La situation des employés domestiques au Tchad, ressemble à une traite des personnes

Publié le par Louba-heindé Séraphin Adoumngar

Le travail domestique, un métier qui attire les jeunes ruraux vers la capitale mais regorge de nombreux corolaires pour ceux-ci.

La ruée des nombreuses familles dans le monde du travail, chaperonnée par l’indisponibilité des parents ou/et la demande du soutien dans un foyer pour l’accomplissement de certaines tâches ménagères a donné lieu à un travail appelé « domestique ».

#Société
Les employés domestiques au Tchad

C’est ainsi, dès l’aurore, des jeunes venus spécialement de certaines régions du sud et communément appelés « Maoukoula » qui signifie littéralement « je vais au travail », arpentent les rues de la capitale pour se rendre dans leurs lieux de travail. Toujours en fil indien, ces débrouillards, à la recherche de conditions d’une vie meilleur attirent l’attention de tous passant par la majorité écrasante de la gente féminine dans leur rang.

Dévoués, déterminés, ces Hommes considérés comme « des personnes issues des classes défavorisées et ayant fui la terre » selon le sociologue Haroun Gountéti, sont dans une entente de travail à temps partiel ou temps pleins et avec la possibilité pour d’aucuns d’entre eux, d’habiter chez leurs employeurs et de ne rentrer que les jours fériés et le dimanche. Parlant de leurs tâches à accomplir dans les ménages, celles-ci sont comprises entre : le ménage, la cuisine, la garde des enfants etc. Et dans n’importe quel monde de travail, il y’a un salaire à la fin.  A la fin du mois, même si ce boulot leur offre un revenu, il est jugé généralement  très bas par rapport aux tâches qui leurs sont imposées.

Vanessa, une jeune fille de 17ans, rencontrée à la sortie du pont de chagoua, en allant à son lieu de travail à la rue de 40m à 07H23mn : «  c’est médiocre le salaire ; nous faisons simplement du sacrifice et honorer notre engagement en quittant le village qui est celui d’amasser suffisamment de l’argent, à la fin, repartir là-bas au village pour mener une vie moyenne ». A la question de savoir à combien elle et ses collègues domestiques sont payé(e)s par mois, Vanessa répond : « je gagne 25000F mensuellement ; j’ai une cousine qui ne rentre que le weekend. Pour elle, c’est 30000F le salaire par mois et un frère qui lui touche 20000F ».

Si pour les uns, le salaire est perçu sans difficultés, pour d’autres, ce n’est pas le cas. Il faut constamment que l’employé donne son corps à l’employeur pour espérer gagner quelques billets de banque à la fin du mois et d’ailleurs, le montant du salaire est donné au gré du patron.

Ngomingar, une trentaine révolue, croisé devant la plantation à walia, témoigne pour sa tante Romneloum qui en ait été victime : « ma tante travaillait chez un Monsieur du nom Ali.  A chaque jour que Dieu fait, elle est abusée sexuellement par son patron. Selon ma tante, ce Ali aurait entre 40 à 50 ans et vivait seul comme il avait envoyé sa famille au village pour les travaux des champs. C’est au mois de juillet que dépassé par la situation qu’elle traversait, qu’elle a fini par tout me raconter.  De février à juin, elle me disait n’avoir gagné que 17300F. Pourtant, le Monsieur était censé lui verser 35000F chaque fin du mois [] énervé, j’ai mobilisé quelques nombres de ma famille résidant ici à N’Djaména et m’a tante nous a conduit chez son employeur un soir. Mais il était absent. Nous étions rentrés et étions repartis le matin le jour suivant, par coup de théâtre, sa maison était presque vide d’effets [] Au mois de juillet, ma tante tombait fréquemment malade et ressentait souvent des malaises, j’ai décidé de la conduire à l’hôpital. Les résultats des examens ont révélés qu’elle est enceinte de deux mois et est séropositive. Elle a décidé d’abandonner définitivement le travail domestique et est maintenant repartie au village auprès de ces parents »

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S’agissant de lui, Ngomingar, sans langue de bois nous lance ceci : « j’ai aussi été accusé de vol d’un téléphone portable chez mon employeur au mois de septembre. Regardez mon dos et mes bras, les blessures que vous voyez, ce sont les traces de chicottes. 4 gaillards m’ont attaché et m’ont ligoté pour l’acte que je n’ai pas commis. C’est triste. Pour être tranquille dans la vie, je vends désormais de l’eau au grand marché ».

Quelques employeurs rencontrés bien que réservés ou timorés sur la question nous ont donné des avis divergents quant aux traitements qu’ils font subir à leurs employés.

Il est à dire que les en dessous du travail domestique sont pénibles au vue des péripéties que  traversent les travailleurs domestiques dans l’exercice de leur métier. Même s’ils en tirent de revenus, malgré, jugé « maigre ». Les châtiments inhumains qu’ils subissent sont légions, et les blessures constatées sur certains corps des employés, ajoutés aux avis de certains employeurs en témoignes et dit long sur leurs souffrances.

Par Néloumta M.

Publié dans Société

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