#Tchad: Monseigneur Edmond Djitangar, l'évêque de N'Djaména réagi aux événements du 20 octobre passé

Publié le par Louba-heindé Séraphin Adoumngar

ARCHIDIOCESE DE N’DJAMENA

#Religion
Mgr Edmond Djitangar


 
 
Monsieur le Président de la Transition
J’étais absent du pays pour raison de santé du 3 au 31.10.2022. C’est donc de 
l’extérieur que j’ai suivi les tristes évènements de cette dramatique journée du 
20.10.2022. 
J’ai été choqué par les nouvelles et les images insoutenables que je recevais du 
pays. Une seule question tournait dans ma tête… « Pourquoi tant d’acharnement 
sur une manifestation pacifique et une telle violence meurtrière sur les 
manifestants à mains nues » ?
J’ai été révolté par les réponses données par le premier ministre justifiant la 
répression féroce des forces publiques, sans une parole de commisération pour les 
nombreuses familles endeuillées ou en désarroi dans la recherche de leurs 
membres portés disparus. 
J’ai compris que le couvre-feu et la coupure sélective de l’internet frappant les 
quartiers dit « des opposants » étaient des moyens mis en œuvre pour continuer la 
traque des opposants (présumés commanditaires de la manifestation), les
perquisitions des domiciles suivies des arrestations nocturnes et pour couvrir les 
exécutions extra-judiciaires et éviter des témoins gênants…
Mais je n’ai toujours pas compris jusqu’à ce jour les causes de cette folie 
meurtrière qui a poussé des citoyens tchadiens à faire subir à d’autres concitoyens 
des traitements inhumains et dégradants jusqu’à des exécutions sommaires et à la 
déportation des personnes dans les bagnes du nord…
Comment expliquer que les parents soient empêchés de retirer les dépouilles 
mortelles des leurs victimes des répressions pour les ensevelir ?… Pourquoi cette 
traque continuelle des citoyens dont le crime est d’être dans l’opposition? Est-ce 
un délit d’avoir le drapeau tchadien à la maison ?… 
L’image du Tchad s’est trouvée ternie par la barbarie de cette répression et ceux 
des partenaires habituels qui commençaient à nous manifester un peu de 
sympathie pour les inondations se sont trouvés bloqués dans leur générosité.
L’explication maladroite qu’a donnée le gouvernement pour justifier la conduite 
des forces publiques n’a convaincu personne. Cette conduite ressemble à « la 
solution finale » et confirme la volonté de « non-dialogue » démocratique déjà 
visible dans la gestion et le déroulement du « DNIS » …
Quelle leçon tirer pour notre rôle de leaders religieux ?
Nous constatons que les autorités n’ont aucune considération pour nous leaders 
religieux. Nos discours et nos prêches appelant les fidèles à la construction de la 
paix et au vivre ensemble sont continuellement contredits par les autorités de 
l’Etat dans leurs conduites et dans la gestion de la chose publique. Alors nous ne 
sommes que de simples faire valoir pour couvrir de notre autorité religieuse une 
politique déconsidérée par la majorité du peuple comme c’est souvent le cas lors 
des célébrations du 28 novembre. 
Si les autorités de ce pays nous écoutaient et écoutaient davantage le peuple…. Si 
elles avaient accepté un vrai dialogue pour le bien de notre nation, nous n’en 
serions pas là aujourd’hui avec des morts sur les bras ou sur les consciences.
Toute religion tient en haute estime la valeur de la vie humaine et sa préservation. 
Elle considère comme criminelle toute atteinte à la vie. Alors nous avons le devoir 
de défendre et de promouvoir le respect de la vie, la dignité de la personne 
humaine et la justice sociale sous quelque régime politique que ce soit. 
Nous ne pouvons donc pas, comme pasteurs, cautionner cette dérive autoritaire 
qui a porté atteinte à la vie et à la dignité humaine. 
Que faut-il faire ?
1. Avoir le courage de mettre fin à la chasse à l’homme dont sont victimes 
quelques opposants…
2. Libérer ceux qui sont détenus et déportés suite aux manifestations du 20 
octobre
3. Relancer un dialogue direct avec les partis politiques et les associations de 
la société civile.
4. Constituer un gouvernement de technocrates et procéder à la mise en place 
des institutions pour la rédaction de la constitution et pour préparer les 
consultations électorales.
Que Dieu bénisse le Tchad !
N’Djamena 02.11.2022
Mgr DJITANGAR Goetbé Edmond
Archevêque de N’Djamena
Président de la Conférence des Evêques du Tchad

Publié dans Religion

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