Rassemblement National des Unité- Démocratie -Justice
Démocrates Tchadiens --------
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Bureau Exécutif
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RAPPORT MORAL DU PRESIDENT NATIONAL
DU RNDT-LE REVEIL A L’OCCASION DE LA TENUE
DU 4 e CONGRES ORDINAIRE DU PARTI
N'Djamena du 03 au 05 Avril 2015
- Mesdames et Messieurs les Députés ;
- Mesdames et Messieurs les chefs de parti et responsables des associations de la société civile ;
- Honorables invités, en vos rangs, grades et qualités respectifs ;
- Camarades membres du Bureau Exécutif ;
- Camarades membres du Comité Central ;
- Camarades congressistes ;
- Militantes et militants,
Les mots me manquent pour exprimer ma joie devant cette extraordinaire ferveur que je vois dans cette salle.
Je vous dis simplement merci, encore une fois merci.
Avant tout propos, je voudrais au nom de la famille du RNDT-Le Réveil et au mien propre, exprimer ma gratitude et ma reconnaissance à nos invités qui ont bien voulu, prendre de leur temps, pour honorer nos assises de leur présence.
Votre présence chers invités, mérite d’autant notre reconnaissance que l’actualité nous enseigne que le temps, est la matière première la plus précieuse et la plus chère du monde moderne. Merci, infiniment merci chers invités, pour avoir bien voulu nous consacrer ce qui vous est si cher : LE TEMPS.
Acclamons nos invités mes chers camarades !
Je voudrais ensuite, remercier du fond du cœur, les militantes, militants et sympathisants du RNDT- Le Réveil, qui ont donné de leur temps, de leurs efforts physiques, intellectuels et matériels pour que ce congrès se tienne. Au premier rang de ceux-ci, les membres du comité d’organisation qui ont dû passer des nuits blanches pour nous rassembler ici aujourd’hui… Certains diraient, dans les meilleures conditions, d'autres, dans des conditions les moins mauvaises possibles.
Moi, je me réjouis de cette belle retrouvaille.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, mes pensées vont à ceux et celles de nos camarades qui nous étaient si chers, mais que le Tout Puissant a rappelé à ses côtés depuis le troisième congrès ; mais aussi à ceux et celles dont la disparition a affecté vos familles respectives.
En leur mémoire à tous, je vous demanderais de bien vouloir vous lever pour observer une minute de silence.
Merci camarades.
- Camarades militantes et militants,
Nous sommes là, réunis aujourd’hui comme chacun peut le constater, dans cette belle salle, assis les uns côte à côte, les autres face à face, au sens propre comme au sens figuré ; certains regardant dans la même direction, d’autres, dans le sens contraire.
Nous sommes là, avec nos certitudes fortes, et nos convictions les plus profondes.
Nous sommes là, avec nos forces que dilapident hélas, nos faiblesses.
Nous sommes là, avec nos qualités malheureusement vite érodées par nos défauts.
Nous sommes là, avec nos convergences, mais aussi avec nos contradictions.
Et, c’est bien la somme de ces convictions, interrogations, hésitations et doutes, qui fait la famille du RNDT- Le Réveil, société tchadienne en miniature dans toutes ses contradictions. Et ce sont ces contradictions qui, heureusement, nourrissent notre dynamisme et mettent en valeur nos convergences.
Camarades,
Ce quatrième Congrès se réunit sur le thème : « Construisons une République juste et équitable pour tous ».
Le choix de ce verbe d’action « Construisons », s’adresse non pas seulement à nos militants et sympathisants, mais également aux autres Tchadiens. Construisons donc ensemble avec nos compatriotes, cette République vertueuse.
Construisons ensemble cette République dont la devise commence par « Unité ». Il n’y a donc pas de République sans unité, laquelle unité ne peut se faire qu’avec d’autres, différents de soi.
La République, ce système de valeurs, est juste et équitable quand elle place chaque citoyen sur la même ligne de départ de cette compétition nationale pour l’existence pour les uns et la distinction pour les autres. Même ligne de départ en droit, en devoir et devant le bien public. Bref, l’égalité des chances pour tous.
Le choix de ce thème centré sur la République traduit l’attachement de notre famille politique aux valeurs que seule la République incarne. Valeurs d’unité, de démocratie et de justice telles que proclamées par la devise de notre parti.
Oui Camarades,
Nous sommes forts de nos convictions que la République, cette dame éternelle qui traverse les âges et les rêves, doit être le creuset des grandes valeurs et des grandes aspirations de paix, de justice, d’égalité, de liberté et de démocratie, par de là les desseins et les ambitions des hommes.
Nous avons en partage cette communauté des valeurs, cette conviction profonde que la République infinie passe avant l’être éphémère qu’est le citoyen quelle que soit sa place au sein de cette République éternelle. D’où, l’humilité des militantes et militants du RNDT- Le Réveil, que seule une certaine cécité d’esprit assimile à de la faiblesse. Nous sommes simplement conscients que nous sommes des passagers éphémères de cette gare éternelle: la République pour laquelle nous œuvrons et qui seule demeure.
C’est pourquoi, nous pouvons dire avec Charlie Chaplin qu’il faut tous nous battre chaque jour pour un Tchad nouveau plus humain « qui donnera à chacun l’occasion de travailler, qui apportera un avenir à la jeunesse, et à la vieillesse la sécurité… quand ses forces l’abandonneront ».
Oui, la jeunesse, voilà ce qui nous préoccupe : l’éducation des jeunes pour vaincre la baisse de niveau, et ouvrir pour chaque enfant, une perspective radieuse sur l’avenir. Le chômage avec l’accroissement exponentiel du nombre des diplômés sans emploi est un sujet de préoccupation majeure. Pour nous RNDT-Le Réveil, la jeunesse, ce n'est pas un simple slogan politicien. Nous sommes conscients, Camarades, que plus de soixante pour cent (60%) de notre population a moins de vingt(20) ans. Rien de durable ne peut donc être échafaudé sans prendre en compte cette donnée fondamentale.
Au cœur de l’éducation des jeunes, doit être la culture des grandes idées pour la République et non de l’appât du gain facile et nuisible à tous ; de l’attachement de la jeunesse aux valeurs qui fondent la République, à l’excellence et à l’intérêt général qui forge la nation et irrigue le vivre ensemble.
Bien éduquée, bien éclairée, la jeunesse est une opportunité pour notre pays et un facteur sans commune mesure, de développement de toute société et une chance de digne relève dans le cadre de la succession naturelle des générations.
En revanche, mal éduquée, mal encadrée et sans avenir, la jeunesse constitue une bombe dont personne, ni rien n'échappera à l'inévitable explosion.
Le risque qu’encourt notre pays aujourd’hui, ce ne sont ni les oppositions politiques organisées, ni les contestations sociales canalisées, mais bien, l’accumulation des frustrations, des désespérances de la jeunesse qui, tôt ou tard, finit toujours par marcher de façon désorganisée et immaîtrisée vers son destin perdu. C’est une vérité implacable depuis la nuit des temps, dont seul, l’empressement de l’opposition annonce l’avènement avant le temps et l’enivrante saveur du pouvoir empêche de voir venir. A ce jour, et sans être oiseau de mauvaise augure, les signaux sont là, perceptibles, mais amplifiés par les uns et minimisés par les autres.
C’est fort de notre foi en la jeunesse que, nous avons tradition de dire : « si le Tchad d’aujourd’hui nous intéresse, le Tchad de demain nous préoccupe ».
Autant que la jeunesse, le troisième âge mérite toute notre attention. En effet, nous devons être préoccupés par la question de la prise en charge raisonnable et assurée de la retraite de ceux qui ont servi, et qui ce faisant, doivent libérer de la place aux jeunes. La retraite, ce repos mérité, ne saurait continuer à s'assimiler à un "licenciement sans droit", à un abandon et à une condamnation à une mort lente et certaine.
Jeunesse du Tchad, si Dieu te prête longue vie, et nous te le souhaitons, Tu seras appelée un jour à aller à la retraite. Ne l’oublie jamais.
Seule une République juste et équitable pour tous, peut garantir un avenir assuré à la jeunesse et une retraite méritée aux aînés.
Chers congressistes,
Pour en revenir à nos interrogations, hésitations et doutes ; je te regarde en face camarade, et je lis dans tes yeux des interrogations et des doutes qui nourrissent tes hésitations.
Tu te demandes, que peut bien faire notre parti dans ce pays déserté par les valeurs de justice, d’équité et d’égalité qui fondent la République; où l’échelle des valeurs est renversée. Tu vois des citoyens propulsés par ascenseur sur le toit de notre société, alors qu’à toi ne s’ouvre même pas la marche vers l’escalier où tu ne demandes qu’à t’époumoner ; et tu doutes.
Tu te demandes qu’est-ce que tu gagnes personnellement dans cette pénible lutte que nous menons? Et tu hésites.
Chacune et chacun de nous a eu à traverser ces moments d’incertitudes, d’interrogations, d’hésitation et de doute, pour finalement se dire, et si je laissais tomber ?
Oui camarades, c’est un chemin escarpé et éprouvant que nous avons emprunté, où seule nous retient, l’honneur et la force de nos convictions pour la République.
Cette République où, un jour, par votre courage et vos privations, les tchadiens seront égaux par de là leurs ethnies, leurs régions d’origine et leurs religions et où seule la compétence fera la différence entre les citoyens.
Cette République où, nos enfants auront leur avenir non pas adossé à leur naissance, mais au labeur et au mérite.
Cette République où, sans frustration, chacun se sentira fier de vivre à la sueur de son front; où dans la circulation, chacun s'arrêtera sans complexe ni arrogance au feu rouge et où le coup de sifflet du policier, lui-même courtois et à main nue, aura la même résonnance à l'oreille de chacun et de tous.
Une République où l’autorité de l’Etat n’est pas malicieusement invoquée et employée; où la puissance publique inspire confiance et non la défiance et la peur.
Oui, c’est dans le rêve de cette république vertueuse juste et équitable que tu puises tes forces pour continuer le combat. C'est en pensant à cette République des grandes valeurs que le destin te commande de bâtir, que tu vaincras tes doutes et hésitations.
Oui, c’est dans ce projet de République juste et équitable que tu puises tes forces et ton inépuisable énergie militante.
Chers congressistes,
Après le congrès de Kélo, il y a un peu plus de quatre (4) ans, nous voici à nouveau réunis en congrès, Instance suprême de notre parti. Comment ne pas nous en réjouir chers camarades ? Car, RNDT- Le Réveil appartient indéniablement à ce cercle réduit des partis politiques qui tiennent régulièrement leurs assises statutaires.
Mais au-delà d’une formalité convenue de respect des dispositions statutaires de notre parti, le Congrès est l’occasion de poser un regard rétrospectif sur les quatre années passées, et d’esquisser une vision prospective qui va rythmer notre marche pendant les quatre prochaines années. Tout ceci, dans le cadre d’un débat franc et constructif au sein de notre famille politique.
Honorables invités,
Mesdames et Messieurs,
Chers congressistes,
Nous sommes entrés en salle de congrès à Kélo dans la Tandjilé Ouest, le 08 mai 2010, à moins d’un an du cycle électoral passé et dans un contexte où, le pays vivait encore les séquelles des affrontements armés, avec en pointe les guerres de 2006 et 2008 dans la capitale, ici même, où ce palais qui nous accueille aujourd’hui a été sérieusement endommagé et totalement vandalisé.
A ce propos nous devons nous souvenir, mes chers camarades, qu’à ces heures sombres et difficiles de tornade où la nation a vacillé sur ses fondements, nous avons été le paravent incompris qui a maintenu la toiture sur la République. Soyons en fiers mes chers amis.
En effet, dans ces circonstances de crise majeure, une partie de la classe politique a volontairement choisi de jouer le pourrissement par le boycott des élections qui, qu’on le veuille ou pas faisait le lit à la rébellion armée.
Fidèles à notre culture et à nos convictions, nous avons choisi, nous, d’apporter notre pierre à la consolidation de la paix, de la stabilité et de la démocratie en nous engageant dans la compétition électorale. Et disons-le tout haut, si c’était à refaire dans les mêmes circonstances, nous le referions.
Au sujet des élections passées, au moment de la tenue du congrès de 2010, notre parti était représenté à l’Assemblée Nationale par un seul député. Mais représenté quand même.
Sa place sur l'échiquier politique national était des plus difficiles par contre.
Traité de complice du pouvoir, et sévèrement combattu en effet, par une certaine opposition pour avoir refusé de boycotter l’élection présidentielle, notre parti était considéré en même temps comme pestiféré par la majorité à laquelle il appartenait pourtant. C’est ainsi qu’une coalition de la majorité baptisée « Renaissance » concoctât sa liste commune aux élections législatives de 2011, sans même prendre la peine de consulter notre parti, presque voué aux gémonies.
Nous sommes donc allés ainsi seuls, aux élections législatives de 2011 face à l’opposition réunie dans la CPDC et, face à la majorité unie dans la « Renaissance ». Vous imaginez l’étroitesse de notre marge de manœuvre; les deux camps adverses s’entendant sur une chose : nous barrer la route ».
Je sais que ce rappel des faits gêne. Mais le devoir d’inventaire m’impose de le faire sans rancune mais en toute responsabilité devant vous et devant l’histoire.
Au sortir de ces élections difficiles et grâce au ciel et à chacun de vous, malgré l’érosion de nos maigres résultats par de multiples fraudes, notre parti s’en tirera avec huit (8) députés à l’Assemblée Nationale et une vingtaine de Conseillers municipaux. Aussi minimes soient-ils, ces résultats ont été taillés dans du roc. C’est le lieu ici de féliciter chacun d'entre vous, artisan de cette modeste mais laborieuse moisson, et de nous congratuler.
Ce résultat n'a été possible que grâce à toi paysan, éleveur, qui résiste héroïquement aux pressions et menaces d’une Administration généralement partisane et d’une chefferie traditionnelle à neutralité confisquée.
Bref, ce résultat a été réalisé au prix de tes sacrifices au grand dam des prédateurs politiques avides des trophées immérités, agissant souvent à dessein d’humiliation, pour le compte des minorités locales marginales, prenant appui sur un appareil d’Etat partisan.
C’est le cas de nos résultats arrachés presque manu militari aux élections communales à Pala et à Goré, pour ne citer que ceux-là. Ces deux communes sont aujourd’hui mal gérées par des conseillers illégitimes alors que leurs vrais élus sont là avec nous dans cette salle. Peut-on ignorer leurs frustrations ?
Notre maigre résultat n'a été possible que grâce à toi jeune qui, à pied, porte le flambeau du RNDT-le Réveil de village en village, de quartier en quartier, et qui au bureau de vote représente notre parti avec dignité, en bravant la soif et la faim pour ramener le procès verbal du vote, en résistant aux tentatives multiformes de corruption et d’intimidation.
Oui, ce résultat n'a été possible que grâce à toi, militante et militant infatigable et désintéressé, qui te bat nuit et jour pour le triomphe de ton parti, bravant toutes les intempéries et les privations de tous ordres sans que ton nom ne soit nulle part cité.
Nos élus se souviennent-ils encore de toi? Je crois que la réponse n’est pas évidente. Et tu te demandes où est ta récompense ?
Ta récompense? Elle n'est pas quantifiable, mon cher camarade. Elle est dans cette fierté éternelle d'une victoire commune qui demeure en toi. Ta récompense est dans cette dignité de la femme ou de l'homme d’honneur, libre de ses engagements et fort de ses convictions ; cette dignité qui élève à la gloire des grands esprits et des grands cœurs.
A cet instant précis, je voudrais très humblement Camarades, vous demander de vous lever pour rendre hommage et acclamer cette militante, ce militant anonyme qui n’est même pas invité à ce congrès, mais sans le quel nous ne sommes rien et notre lutte vaine.
Acclamons-le !
Merci camarades.
Ma chère, mon cher camarade, en te faisant ovationner ainsi par le congrès, tu croiras surement que je suis totalement satisfait de ton travail. Eh bien non. Je suis exactement comme toi camarade, je ne suis jamais satisfait. Je sais que tu peux encore mieux faire. Remets-toi au travail.
A toi Député, Maire, Conseiller municipal, être honoré du suffrage universel oblige à être au service des concitoyens qui vous honorent et vous confient leurs destins.
Tu n’es pas, cher élu, ce simple haut fonctionnaire complexé du haut de son piédestal, bardé de gros diplômes, qui regarde les autres d’en haut comme des moins que rien. Ça c’est une posture dépassée. RNDT-Le réveil n’a pas besoin d’élu porté sur les nuages par l’égo personnel ; mais d’élu humble, courtois, disponible et à l’écoute de la population ; assis quand il le faut, à même le sol, au milieu de ses camarades pour discuter, échanger et partager.
Pour en revenir au rappel des élections passées, contrairement aux autres partis, nos résultats ne sont pas concentrés dans une région donnée, mais repartis sur l’ensemble du territoire où nous avons été en compétition, faisant de notre parti l’un des rares à avoir une assise véritablement nationale. Maintenons ce cap camarades.
Quelques mois après les législatives, le candidat du RNDT – Le Réveil sera déclaré deuxième à l’élection présidentielle de 2011 avec l’attribution d’un score à minima comme pour nous sanctionner de notre audace.
Oui, j’ai bien dit attribution. Et vous me comprenez. Comme dirait le Président Mathieu KEREKOU : « Ce qui est dit est dit, ce qui n’est pas dit est dit ».
Aujourd’hui nous avons un groupe parlementaire à l’Assemblée Nationale. A ce titre, RNDT-Le Réveil, n’en déplaise, devient un des plus grands partis du Tchad aux vues des critères démocratiquement partagés dans le monde actuel.
Quand on s’en tient à une simple lecture de notre marge de progression ; passant d’un député à huit, d’une élection à l’autre, l’on est tenté de dire comme tout le monde que c’est une forte progression.
Mais camarades, ce nombre de députés et de Conseillers municipaux reflète – t – il la réelle implantation de notre parti ? Sinon, comment recouvrer ce que nous avons perdu il y a quatre (4) ans ? Comment nous assurer de nouvelles conquêtes politiques de terrains ? Quels en sont les leviers internes et externes sur lesquels nous devons agir ? Tels sont quelques questionnements auxquels nos assises doivent trouver des réponses pertinentes.
Car, il est facile et aisé d’imputer la faiblesse de nos résultats aux causes exogènes : achats de conscience, fraudes, intimidations, menaces… Mais, cela ne saurait occulter nos faiblesses internes, si nous voulons progresser.
En effet, l’organisation interne de notre parti continue de souffrir du manque de circulation tant verticale qu’horizontale de l’information entre les structures. Ce dysfonctionnement interne contribue à la faiblesse de nos résultats.
Aussi, au lieu que l’animation du parti se fasse tous les jours à la base, hors période de campagne, nos structures de base, les yeux rivés vers N’Djaména, attendent que tout leur viennent d’en haut : délégations, consignes, argent, quand on ne demande pas pagne, tee-shirts et casquettes. Pire, l’on se retourne parfois contre son parti au moment du vote à cause d’une casquette ou d’un maillot.
Par ailleurs, combien parmi nous sont tentés de détourner à leur profit nos maigres ressources que les camarades mobilisent pour la campagne ? Peut-être même pour ce congrès ?
A la CENI et dans les bureaux de vote, avons-nous toujours désignés des camarades soucieux des résultats du parti et non pas seulement guidés par l’appât des seules indemnités et autres primes ?
Autant de questions qui montrent que nous avons du travail à faire sur nous-mêmes et qui indiquent la longueur du chemin à parcourir.
Et dans le cadre de ce travail à faire sur nous-mêmes, il y a le combat que chacun doit mener contre ses égoïsmes personnels, cause de divisions inutiles entre militants. La quête légitime de promotion personnelle doit se faire en équipe et dans l’intérêt de l’équipe et pas autrement. Je sais que nous nous comprenons.
Chers congressistes,
Camarades,
Permettez-moi d’évoquer en quelques mots notre appartenance à la majorité présidentielle.
En effet, au sortir du cycle électoral difficile de 2011 et, malgré le lynchage politique dont notre parti a été victime, nous sommes restés du bord de la majorité à la surprise même de certains de nos camarades. Alors même que RNDT-le Réveil a fait preuve de constance dans sa loyauté pendant bientôt deux décennies, le parti au pouvoir continue à se mûrer dans une méfiance craintive vis-à-vis de notre formation, considérant parfois même que nous serions pire que toute l’opposition réunie.
Je le sais camarades, beaucoup d’entre vous en payent le prix et se demandent pourquoi y continuer ? Vous vous demandez : qu’est ce que cela nous rapporte de rester dans la majorité malgré tout?
En plus de ces interrogations fort légitimes, une autre peut être encore plus fondamentale se pose à nous :
Notre participation à la majorité présidentielle contribue – t – elle à influer sur le cours de la gestion du pays pour plus de justice et d’équité? Pour plus d’égalité ? Pour plus de démocratie ? Pour plus de liberté ? Pour le mieux être du plus grand nombre des tchadiens ? Pour la cohésion sociale ? Pour le vivre ensemble ?
Le sujet que nous abordons ici n'est pas simple mes chers Camarades. Car vous êtes dans une majorité où le parti au pouvoir ne s'ouvre que timidement à ses partenaires en général et au RNDT-le Réveil en particulier. Mieux, les calculs personnels des hommes et des femmes qui agissent au nom de ce parti frère, prennent souvent le pas sur l’affiche publique de sa ligne politique en matière d’alliance. Ils disent oui à l’alliance au niveau national, mais non au partage au niveau local. Ces individus prenant ombrage de notre présence, tentent de pousser tout le monde dans l’opposition radicale afin de se rendre indispensables. Ils militent ainsi plus contre nous que pour leur parti. « Ils ont des intérêts, peu d’idées, mais des idées de leurs intérêts » comme dirait un monument politique de notre siècle.
Des intérêts obscurs et égoïstes au détriment de leur parti, de l’apaisement et de la cohésion nationale. Ces entrepreneurs du mensonge et de la délation excellent dans une politique de courte vue dans le seul but de détourner l’attention du Chef de l’Etat de toutes les compétences nationales externes, surtout internes à leur parti.
Comme le mensonge est heureusement par essence une course sur le toit, leur dessein politique qui en dépend ne saurait durer plus longtemps.
De l’autre côté, nous avons à faire à une opposition divisée, souvent plus opposée à elle-même qu’au pouvoir, sans perspective, qui ne propose aucune solution alternative crédible et s’en tient à une critique stérile ; si elle ne proclame pas sa haine et sa volonté de vengeance. L’on l’a même entendu proclamer en évoquant son souhait d’alternance, que la « peur a changé de camp », alors que nous œuvrons nous, pour qu’aucun camp ne puisse dorénavant avoir peur au Tchad, pour que plus jamais l’ombre de la terreur et de la peur ne puisse planer sur le pays.
Une tradition bien africaine dit: si vous découvrez l'œuf d'un oiseau à poisse, vous êtes dans un dilemme. Si vous le récupérez, votre maman meurt, si vous le laissez c'est votre papa qui meurt. Que faire?
Voilà planté, le décor de notre échiquier politique national dans toute sa pauvreté idéologique.
Notre congrès devrait débattre en profondeur de ces questionnements fondamentaux, mais avec la clairvoyance que je vous connais.
C’est le lieu ici de rappeler d’où nous venons pour mieux apprécier où nous allons.
En effet, dès sa création en 1996, RNDT – Le Réveil, grâce à la lucidité de ses fondateurs, s’est positionné en parti trait d’union sur l’échiquier politique national marqué par des divisions notoirement tribalisées et parfois à relents confessionnels perceptibles.
Nous sommes un rassemblement national, mais surtout un rassemblement pour la nation. Cette nation divisée entre régions, tribus et clans. Nous ne pouvons rassembler cette nation meurtrie et divisée, portant les stigmates profonds de son histoire, qu'en nous opposant d’abord aux extrémismes. Notre positionnement dans la majorité, mais une majorité plurielle, libre, critique et ouverte, dans le respect non négociable de notre identité, a permis à notre parti d’être le pionnier du dialogue politique. Nous avons donné l’exemple à la classe politique tchadienne, qu’on peut travailler ensemble, pour la République, s’entendre sur l’essentiel, sans être d’accord sur tout et en ayant pour seule boussole, l'intérêt général.
C’est ainsi que depuis les négociations de l’Accord du 13 août 2007, avec son comité de suivi, au Protocole d’Accord du 02 avril 2013 créant le Cadre National de Dialogue Politique (CNDP), notre parti a toujours efficacement contribué et occupé une place centrale dans le rapprochement des vues des acteurs en faisant des compromis, mais sans compromission.
Nous faisons cela pour l’intérêt supérieur de la nation et de notre peuple.
Et, en le disant, je n’occulte pas, bien au contraire, vos interrogations sur notre degré d’implication personnelle et collective dans la gestion du pays et ses impacts sur la vie de nos concitoyens. Notre congrès en fera lucidement l’évaluation en mesurant la progression de notre société sur le terrain de la paix, de la justice, de l’équité et du mieux-être des tchadiens. Les tchadiens qui veulent manger à leur faim, accéder aux soins de santé primaire, à l’eau potable, à l’éducation de leurs enfants et à la maternité sans risque pour que les femmes ne continuent plus à mourir en donnant la vie, dans un environnement sécurisé, stabilisé et dans la paix.
Il m’a plus de fixer simplement le cadre d’un débat dont l’issue peut déterminer une éventuelle reconfiguration politique et stratégique dans notre pays. Car aucun pôle politique ne peut s’envisager sérieusement aujourd’hui un avenir, sans tenir compte de notre sensibilité politique.
C’est pourquoi, au-delà des intérêts partisans légitimes, nous ne sommes pas simplement une corporation qui défendrait essentiellement les intérêts de ses membres. Nous sommes un parti qui doit d’abord défendre l’intérêt général, c'est-à-dire y compris les intérêts de ses adversaires, seule chose qui nous prédestinerait à réaliser mieux que quiconque la cohésion nationale.
Nous devons mener ce débat à l’aune de la paix et de la cohésion nationale. Car, nous ne pouvons construire une République, juste et équitable sans la paix, condition sine qua none de toute édification.
En effet, notre peuple aspire à la paix par le dialogue, dans le respect des Institutions. Mais des Institutions démocratiques, dans lesquelles les citoyens se reconnaissent et s’épanouissent. Cela suppose des Institutions dirigées par des représentants légitimes, démocratiquement élus par les citoyens et à leur service.
Mesdames et Messieurs,
Honorables invités,
Chers congressistes,
La paix et la stabilité oui. Un oui franc et résolu. Notre parti et notre philosophie sont résolument pacifistes ; et nous en avons fait la preuve dans les moments les plus difficiles que notre pays a traversés. Nous en sommes fiers et l’affirmons avec toute la force de notre foi. Plus de cinquante années de notre histoire post indépendance ont démontré que les confrontations verbales quelque soit leur pauvreté ou leur misère valent mille fois mieux que toutes les escarmouches violentes.
A cet égard, comment ne pas nous réjouir de la paix qui prévaut aujourd’hui dans notre pays ? Que le Tchad traverse, enfin, des années sans rebellions, sans Coup d’Etat, nous réjouit au plus haut point de nos êtres. Que notre pays puisse malgré la modestie de ses ressources jouer un rôle salué de tous, dans la lutte contre le terrorisme et le fanatisme, aveugle et destructeur, devrait rendre chaque tchadien fier de son pays et de ses forces armées. Et ce, au delà de nos riches différences d’opinions politiques intérieures.
Voyons, la paix et la stabilité sont menacées aux quatre points cardinaux de notre pays : Libye, Darfour Soudanais, RCA, Nigeria, Cameroun et même Niger, nous regardent sans doute, sous l’angle de la paix et de la stabilité à tout le moins, avec envie, je ne dirais pas avec jalousie.
Cette paix qui s’installe progressivement dans un environnement aussi volatile ne saurait se consolider et devenir durable que si elle repose sur une démocratie authentique, juste et sécurisante pour tous les citoyens redevenus égaux devant la loi, non seulement en paroles, mais également et surtout dans les faits tels que rêvés à travers le thème de ce congrès.
C’est à ce socle stratégique de renforcement de la paix et de la stabilité de notre pays que nous avons juré consacrer nos efforts, nos volontés, nos intelligences et toutes nos vies si nécessaire.
Pour parvenir à cette paix durable et bénéfique à tous, nos outils sont le dialogue, la compétition des idées et des opinions libres qui débouchent sur des élections démocratiques, apaisées et acceptées de tous.
Faire triompher nos idéaux par la plume, la langue, la force de l’esprit et la profondeur de nos persuasives convictions et non par le glaive, la bombe, la kalachnikov, le char, tous facteurs de chaos et de destruction.
Pour consolider la paix et la stabilité, RNDT-le Réveil enfourche l’infatigable cheval de prêche pacifique, légale, pour la justice et l’équité. Notre voie est celle de la civilisation et non celle de la barbarie, de la palabre fraternelle et non celle de la confrontation violente.
C’est le lieu ici de dire avec toute la fermeté de notre foi, l’invitation solennelle du RNDT-le Réveil à la cohabitation pacifique, quelques soient les différends. Mais aussi, notre ferme condamnation de l’utilisation disproportionnée de la violence d’Etat contre des manifestants à main nue et le recours à la torture qui rappelle des moments que l’on croyait à jamais révolus.
A ce titre, les dernières condamnations des anciens responsables de la DDS devraient interpeller les consciences individuelle et collective, pour dire, plus jamais ça !
Chers camarades,
Ce congrès se tient à quelques mois de la fin de la législature actuelle et à environ un an de la présidentielle prochaine.
Ces élections arrivent au galop, avec la mise en route du recensement électoral biométrique. En attendant la fin de ce recensement électoral biométrique, l’Assemblée Nationale vient d’auto-proroger le mandat de ses membres après un débat qui a agité la classe politique. Notre parti a soutenu la prorogation de cette légitimité même fragilisée par la péremption du temps pour ne pas retomber dans l’arbitraire et la précarité d’un parlement de transition proposé par certains.
En revanche, il doit être clair que notre démocratie ne saurait indéfiniment s’accommoder de la prorogation de mandat qui, qu’on le veuille ou pas, constitue une escroquerie à la légitimité populaire issue du suffrage universel. Les ententes de salon entre élites politiques baptisées consensus au détriment du peuple souverain n’est ni loyal ni légitime.
Si nous avons soutenu cette prorogation, c’est parce que pour paraphraser une pensée relevant désormais du patrimoine commun, elle était la pire des solutions à l’exception de toutes les autres. Elle n’est pas l’idéale ni la règle, mais l’exception qui ne devrait pas continuellement se répéter.
Pour ce qui concerne les prochaines élections, nous entendons çà et là des déclarations de candidature, voire même des annonces victorieuses imaginaires de certains acteurs politiques. En face, des réponses inopportunes et disproportionnées comme si l’on ignorait qu’il y a élection présidentielle en 2016 et que ne peuvent s’y engager que ceux qui espèrent bien gagner. Ces spécialistes de compétitions virtuelles de tous bords se prêtent ainsi au jeu de l'agitation politique généralisée et inutile. Force tranquille, serein, RNDT-le Réveil ne se prête pas à ce jeu de l’agitation.
Que les compétiteurs ne désespèrent pas avant la compétition, est à mettre au crédit de notre démocratie, désormais source d’espérance.
Pour notre part, nous disons après avec Abraham Lincoln que : « pour une cause noble, on ne perd jamais son temps en prenant tout son temps ». « Il faut laisser du temps au temps » dirait pour sa part François MITTERAND.
Ainsi donc, sans précipitation ni esquive, nous devons prendre notre temps, tout notre temps et nous poser de bonnes questions, mais certains que nous nous interdisons rien et n’excluons aucune hypothèse.
De ce point de vue, notre parti peut s’adosser sur la solidité de son expérience des élections passées pour affirmer son aptitude à toutes les hypothèses. Gardons chers camarades, portes et fenêtres ouvertes à l’égard de tous, mais restons nous-mêmes. N’avons-nous pas déjà été seul à toutes les élections passées comme rappelé ci-haut ?
Entre temps, il y a quelque chose qui n’attend pas : la mobilisation de notre base. Quelque soit l’issu du débat à venir avec nos partenaires, il nous faut être fort à la base. A ce niveau, si l’introduction de la biométrie dans le processus électoral en cours est un gage évident de transparence ; elle ne saurait à elle seule résoudre cette équation profondément humaine des élections. Car la transparence des élections fait appel à une justice et une administration de qualité, une presse et une société civile de qualité ... Mais, surtout des militants et des électeurs éclairés.
Concentrons-nous sur le recensement de nos électeurs, seule arme de notre victoire de demain.
Mais sachons que le véritable remède contre la fraude réside dans l’éveil de conscience des populations. Soyez debout pour encadrer le recensement biométrique et contrôler les bureaux de vote.
A ce niveau, je suis heureux de constater que grâce à votre action quotidienne, notre implantation effective sur le terrain progresse. Il n’y a plus aucun paysan, ni éleveur au Tchad qui ignore encore à ce jour, l’emblème de notre parti sur l’ensemble du territoire.
Toutes les régions du Tchad, ont des organes de base du parti, même si par endroit cette présence mérite d’être renforcée. Continuons sans relâche le peaufinement du maillage territorial de nos organes sur l’ensemble du pays.
Mes chers congressistes,
Au moment où nous parlons, chaque famille tchadienne est préoccupée par la question de la cherté de vie qui se traduit chaque jour par l’appauvrissement du panier de la ménagère. Pourtant, le pays regorge des potentialités de nature variée pour que les tchadiens puissent vivre décemment et en harmonie avec leur environnement. Pays d’agriculture et d’élevage, il est incompréhensible que les tchadiens souffrent de la faim en dépit des ressources additionnelles générées par le pétrole, même si ces dernières se raréfient ces derniers temps en raison de la conjoncture internationale.
Il faudra une combinaison ingénieuse et judicieuse des facteurs qui commandent le développement économique, au bénéfice du plus grand nombre possible pour que les tchadiens puissent enfin vaincre la misère.
Il est impératif de procéder à une pondération équilibrée des lois du marché avec les exigences sociales de notre peuple pour faire reculer la cherté de vie. Les mesures administratives à elles seules ne suffiront jamais à juguler cette problématique de la cherté de vie sans une action sur les leviers économiques qui gouvernent le marché. Une action étatique massive sur les facteurs de production tendant à augmenter l’offre sur le marché, devra être soutenue par une pondération des prélèvements, voire une subvention sur les produits de première nécessité.
Camarades congressistes,
Je ne terminerai pas mes propos sans rappeler qu’au troisième congrès tenu à Kélo, des résolutions pertinentes ont été prises. Ces résolutions ont été réaffirmées et étayées par la dernière session du comité central tenue à N’djaména du 10 au 11 Mai 2014. Je n’en ferai pas la liste ici, mais notre congrès aura l’occasion d’en mesurer l’état d’exécution et leur impact sur la marche de notre parti.
Qu’il s’agisse des résolutions passées à mettre en œuvre, ou des résolutions nouvelles à prendre, notre préoccupation doit être la même : la fluidité des canaux de responsabilités interdépendants, source d’unité d’action, capable d’insuffler davantage l’envie de continuer ensemble pour la défense de nos nobles idéaux, dans l’engouement partagé d’esprit et des cœurs.
Pour finir, permettez-moi de vous dire, mes chers camarades que je suis fier, profondément fier de chacun de vous ; et de vous renouveler mes vibrants hommages pour vos efforts et sacrifices multiformes, gage de la prospérité de notre parti. A titre d’exemple, ce congrès s’est tenu grâce aux cotisations d’environ un millier de nos camarades qui ont mobilisé en l’espace de six mois une somme de plus de vingt cinq millions de francs (25.000.000f CFA). Et, si les salaires du mois de Mars avaient été payés ?
Je m’incline devant la grandeur de votre engagement et la hauteur de votre esprit militant.
Tout en vous invitant à avoir pour compagnons, pendant ces journées de communion, l’humilité et le respect d’autrui dans la confrontation des idées, je déclare ouverts les travaux du quatrième (4e) congrès ordinaire du RNDT-le Réveil.
Vive RNDT-le Réveil,
Vive le Tchad,
Je vous remercie.