Situation épidémiologique des Hépatites Virales en Afrique et au Tchad animée par Rangar Ndjénadjim, Président de l’association « soleil levant » dans la grande salle multimédia à la Maison des Médias du Tchad.
Dans le cadre de la célébration de la Journée Mondiale des Hépatites Virales célébrée chaque année le 28 juillet. L’Association Soleil levant a pris avec retard mais se rattrape avec cette conférence de presse d’où elle ressort deux points essentiels :
En rapport avec l’évènement nous essaierons de faire l’état des lieux non exhaustif des hépatites dans le monde, en Afrique et dans notre pays ;
Pourquoi célébrer la journée mondiale des hépatites ?
Selon le Président, la célébration de la journée mondiale des hépatites, parce ce que l’association s’est rendu compte qu’elles causent de plus en plus de décès dans le monde et particulièrement en Afrique. Elles causent pratiquement un million de décès chaque année dans le monde. Les hépatites B et C ainsi que les autres formes sont devenues un problème majeur de santé publique. Selon les dernières enquêtes de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) :
Environs 2 milliards de personnes dans le monde sont infectées par le virus ; environ 400 millions de personnes sont porteuses chroniques B et 150 millions de personnes sont porteuses du virus de l’hépatite C.
C’est-à-dire que les hépatites sont en train de prendre une sérieuse ampleur dans le monde.
Etats des lieux en Afrique
Selon la documentation consultée, les hépatites virales (HVB) et C (HVC) sont endémiques en Afriques subsaharienne, avec des taux de prévalence estimés respectivement entre 8 et 20% et 2 et 2.8%. L’infection aigue peut guérir ou devenir chroniques. Les formes chroniques peuvent évoluer insidieusement pendant des années (plus de vingt ans) et se compliquer de cirrhose et de cancer primitif du foie (CPF), premier cancer de l’homme sur le continent africain. Ces complications entraînent le décès prématuré de 15 à 25 % des malades, faisant des hépatites la deuxième cause de mortalité dans le monde (résolution WHA67.6 de l’Organisation mondiale de la santé [OMS]), et certainement la première cause de décès dans de nombreux pays subsahariens. Plus de 80 % des cas de CPF dans le monde sont causés par une infection virale : le virus B (VHB) dans les deux tiers des cas, et le virus C (VHC) dans le tiers restant.
C’est pour cette raison que, prenant la mesure de la menace que représentent les hépatites, l’Assemblée mondiale de la santé adopta en 2010 la résolution WHA63.18, qui en a fait une priorité mondiale de santé publique, et institua une Journée mondiale de l’hépatite, le 28 juillet.
L’accent était mis sur la nécessité pour les États membres de prendre des mesures pour prévenir, diagnostiquer et traiter les hépatites. À l’occasion de la première célébration de cette journée, en 2011, l’Initiative panafricaine de lutte contre les hépatites (IPLH), rassemblait les acteurs de la lutte contre les hépatites en Afrique francophone pour la Conférence de Dakar, et attirait l’attention des États et de la communauté internationale sur les enjeux de la lutte contre ces endémies à travers l’Appel de Dakar.
La situation sur les pratiques en Afrique en matière d’hépatites était décrite au moyen d’une enquête menée en 2012 auprès des Points focaux de l’IPLH dans vingt pays d’Afrique francophone. La même année, l’OMS mettait à la disposition des États membres une monographie pour encadrer l’action mondiale contre les
hépatites. La stratégie de l’OMS pour la prévention et le contrôle de ces endémies s’articulait autour de quatre axes :
- sensibilisation, partenariats et mobilisation des ressources,
- politique fondée sur les preuves et les données pour l’action,
- prévention de la transmission,
- dépistage, soins et traitement.
Pour corriger les multiples insuffisances mises en évidence par l’enquête réalisée dans les États, l’IPLH proposait, en 2013, dans le Consensus de Dakar, une stratégie globale de lutte très proche de celle de l’OMS, avec des propositions concrètes d’actions.
Face à des maladies endémiques dont les traitements sont, du fait de leurs coûts élevés, hors de portée des États les plus pauvres selon le classement de la Banque Mondiale, la priorité devrait être donnée à la prévention.
Quel est l’état des lieux des hépatites dans notre pays?
Les hépatites au Tchad, n’ont pas encore connu une enquête de séroprévalence comme dans le cas du VIH/Sida. Toutefois, nous avons à notre disposition des données qui nous indiquent que l’hépatite B est assez fréquente et environ 10% de la population est porteuse. Nous pouvons dire pratiquement que 80% de personnes ont eu de contact avec le virus. C’est-à-dire qu’elles ont le virus, mais que leur anti corps ou leur antigène l’a éliminé. Aussi, une enquête de séroprévalence de l’hépatite B menée au sein de 13 garnisons militaires du pays ont révélé les chiffres suivants par garnison :
Bol: 6.7 %, Koumra : 8.0 %, Kalaït: 9.4 %, Moussoro: 10.5 %, Amdjarass: 11.7 %, Bongor: 12.0 %, Abéché: 12.8 %, Mongo: 13.5 %, Ndjamena: 13.9 %, Amtiman: 14.3 %, Fada: 17.3 %, Moundou: 19.7 %, Sarh: 22.5 %
Le taux global de l’hépatite B selon cette enquête est de 9.3 dont 14 % chez les hommes et 13.6 chez les femmes dans le milieu des hommes en tenu. L’hépatite C existe aussi à raison de 2,6 à 3% selon les données de l’Oms. Les autres formes de l’hépatite A et E sont également fréquentes.
Face à cette situation de plus en plus menaçante exigée par la montée fulgurante des hépatites virales, devra-t-on croiser les bras et attendre de quelque part une providence ? Non ! Répond le conférencier.
Et c’est fort de ce constat que, quelques citoyens, se sont concertés et ont réfléchi à la création d’une organisation dénommée Association « Soleil Levant » qui n’est autre qu’un cadre de lutte contre les hépatites virales au Tchad.
Elle a eu son autorisation de fonctionner sous le Folio N°4874 du 04/04/2016 et enregistrée le 19/05/2016 au registre des associations.
Elle a pour but de Lutter contre les différents types d’Hépatites afin d’arrêter leur progression au sein des populations tchadiennes et aussi elle a des objectifs bien fixé pour le bien n’être des populations.
Pour l’heure, l’Association estime qu’il ya deux défis majeurs à relever. Il s’agit: du dépistage et de l’accès au traitement.
- Le dépistage constitue le premier moyen efficace de lutte contre les hépatites. Il faut convaincre les populations à se faire dépister pour connaitre leur sérologie afin de bénéficier de la prise en charge en cas d’infection. Car c’est en connaissant sa sérologie qu’on peut prendre des mesures pour la prévention ou pour le traitement.
- Le coût actuel de traitement n’est pas à la portée du tchadien moyen. Il faut faire de plaidoyer pour que le gouvernement subventionne les coûts des médicaments comme c’est le cas pour le VIH/SIDA.
En mai 2016, lors de l’Assemblée mondiale de la Santé, 194 gouvernements ont adopté la première Stratégie mondiale du secteur de la santé contre l’hépatite virale et ont convenu des premières cibles mondiales, parmi lesquelles, parvenir à traiter 8 millions de personnes contre l’hépatite B ou C d’ici à 2020. À plus long terme, la stratégie vise à diminuer de 90% le nombre des nouvelles infections et de 65% le nombre des décès dus à l’hépatite virale d’ici à 2030 par rapport aux chiffres de 2016. Ce sont des objectifs très ambitieux et nous ne pouvons qu’applaudir. Mais nous estimons que c’est un défi particulièrement serré, qui nécessitera des moyens humains et financiers considérables. Des moyens aussi bien humains, matériels que financiers ont été mobilisés et sont entrain d’être mobilisés pour la lutte contre le VIH/SIDA. Nous croyons qu’il en sera de même pour celle contre les hépatites. L’Association Soleil Levant exhorte le gouvernement du Tchad à cela.
C’est pourquoi, à l’issu de cette conférence de presse, nous solliciterons une audience avec le Ministre de la Santé Publique en vu de nous accorder sur un certains nombre d’actions à entreprendre dans ce sens.
Aussi, la gravité de la situation nous oblige à saisir l’occasion pour lancer un appel pressant aux partenaires du Tchad d’apporter leurs contributions de tous ordres dans la lutte. Mais d’ores et déjà nous voudrions remercier ceux d’entre eux comme COORECTS SERVICE, qui par leur geste ont rendu possible la tenue de cette conférence de presse. Aussi, grâce à cette ONG et ce par la pro activité du Point Focal de lutte contre les hépatites, l’association a bénéficié de 150 Kits qui remis au responsable de l’APMS pour le dépistage.
Au reste, les portes de l’association sont grandement ouvertes pour tous les frères et sœurs qui veulent bien se joindre à nous pour qu’ensemble nous menions cette lutte plus loin. Les hommes de média sont exhortés à plus d’implication dans cette car aucune action ne peut réussir sans une stratégie d’information et de communication.
Par Louba-heindé Séraphin Adoumngar