Suite aux allégations lancées par les réfugiées soudanaises contre les humanitaires et agents de sécurité exerçant sur les sites à l'Est du Tchad, la Coordonnatrice résidente des Nations Unies et Humanitaire par interim, Madame Yewande Osarhieme ODIA répond aux questions du journal en ligne www.seraphinnews.com
Mme Yewande Osarhieme ODIA, Coordonnatrice résidente des Nations Unies et Humanitaire par interim..
1- seraphinnews: Les déplacés soudanais au Tchad crient sur les travailleurs dans leurs camps. Plusieurs femmes soudanaises accusent ses agents de sécurité ainsi que les humanitaires de les utiliser sexuellement contre les échanges des vivres et bien d'autres matériels ou encore de l'argent rapporte certaines sources. Votre avis
Mme Yewande Osarhieme ODIA: Les exploitations et les abus sexuels constituent une violation grave des droits des personnes qui devraient être protégées. L'ensemble de l'équipe humanitaire présente au Tchad est consciente que les cas d'exploitation et d'abus sexuels, ainsi que les violences basées sur le genre, peuvent survenir dans des situations de crise, où un nombre important de femmes et de filles vulnérables est présent. C'est pourquoi nous sommes sur le terrain et travaillons avec toute la communauté humanitaire pour protéger les réfugiés soudanais, les retournés ainsi que les populations hôtes. Pour nous, ces pratiques ne sont pas tolérables dans le cadre des interventions humanitaires. Nous appliquons une politique de "tolérance zéro" face aux actes d'exploitation et d'abus sexuels.
2- seraphinnews: Est-ce que tous ceux qui travaillent sous la coupe des ONGs humanitaires sont informés des conditions et des conduites à tenir?
Mme Y. O. ODIA: Tous les membres du personnel sont informés, et cela est même stipulé dans leurs contrats. Le système des Nations Unies exige que chaque membre du personnel passe un test avant de commencer son travail afin d'éviter les cas d'exploitations et d'abus sexuels.
3- seraphinnews; Avec la situation climatique que les réfugiés soudanais traversent en ce moment à l'Est du Tchad, certaines familles se retrouvent avec leurs femmes violées, leurs enfants dont la majorité est mineure quelles seront les mesures à prendre dans l'avenir si ses accusations seront vraies?
Mme Y. O. ODIA: Pour nous, notre position est claire concernant les cas d'abus et d'exploitations sexuelles : c'est la tolérance zéro. Ces comportements compromettent la réputation des humanitaires. Les sanctions prévues dépendent vraiment des résultats de l'enquête et peuvent aller du licenciement aux poursuites pénales.
4- seraphinnews: Le système humanitaire à toute disposition et des mesures sécuritaires surtout plan, alors comment ces choses sont arrivées? Vu aussi les précarités actuelles, est-ce que les parents ne sont pas complices de pousser ses mineurs, ses femmes vers les humanitaires?
Mme Y. O. ODIA: Le pays représente un environnement extrêmement risqué pour les femmes et les filles, en particulier en ce qui concerne l'exploitation sexuelle. Pour cette raison, même en l'absence de rapports, l'équipe humanitaire donne la priorité à la mise en œuvre d'une analyse des risques d'exploitation sexuelle et des mesures d'atténuation lors de la conception de programmes sûrs, ainsi qu'à la disponibilité de services de soutien aux survivantes d'abus et d'exploitation sexuelle.
5- seraphinnews: Quelle est la position actuelle du pays d'accueil en face de ce qui se passe?
Mme Y. O. ODIA: Je ne peux pas parler du Tchad, mais je peux uniquement évoquer le système des Nations Unies. Comme je l'ai dit, nous prenons cette affaire très au sérieux et avons lancé une enquête interne pour faire toute la lumière sur ces allégations. Nous coopérons pleinement avec les autorités locales et les organismes de protection des droits de l'homme pour garantir que toute personne responsable de ces actes soit traduite devant les juridictions compétentes.
6- seraphinnews: Dites-nous madame, les structures de formation pour la réinsertion sociale en faveur des femmes et jeunes filles vulnérables existent sur les sites?
Mme Y. O. ODIA: Il existe des centres inter-sectoriels qui accueillent les femmes victimes d'abus, où nous leur fournissons des soins médicaux et un soutien psychosocial. Certaines femmes reçoivent des formations en couture, d'autres en arts culinaires, etc. Cependant, il y a un manque de moyens financiers, et nous continuons à rechercher des ressources pour pouvoir engager davantage de femmes, car il existe des activités qui peuvent générer des revenus pour elles.
L'interview réalisée par LOUBA-HEINDE Séraphin ADOUMNGAR, journaliste reporter et photographe